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Membres supérieurs et déséquilibre du bassin

D’un point de vue anatomique, le membre supérieur est relié au tronc via la ceinture scapulaire : un système à la fois osseux, musculaire et aponévrotique suspendu au-dessus de la cage thoracique. A l’image de la vergue d’un mât, dont l'équilibre repose sur l’horizontalité de son socle, et avec qui il fonctionne en symbiose. En l'occurrence, la coque est aux gréements ce que le bassin est à la ceinture scapulaire et aux membres supérieurs.

anatomie membre superieur

Au centre de ce jeu de balancier complexe : la colonne vertébrale, qui tient en équilibre sur le sacrum enchâssé entre les deux iliaques. De fait, les ceintures scapulaire et pelvienne fonctionnent  - ou dysfonctionnent  - de façon coordonnée. Ainsi, lorsque le bassin est en déséquilibre, c’est toute l’organisation posturale de la ceinture scapulaire et des membres supérieurs qui en pâtit.

Après quelques repères anatomiques pour mettre en évidence cette relation entre les ceintures pelvienne et scapulaire, nous vous proposons ci-dessous quelques techniques employées en Ostéothérapie Méthode BounineTM ainsi que les principaux troubles  recensés au niveau des membres supérieurs en lien avec le déséquilibre du bassin.

Quelques repères anatomiques

Les liens anatomiques entre les membres supérieurs et le bassin sont nombreux. Voici une sélection non exhaustive pour un aperçu de cette interaction dominée par la masse de la ceinture pelvienne.

Le muscle grand dorsal

Reprenons ici notre métaphore nautique : si le bassin et la ceinture scapulaire font office de coque et de vergue, le muscle grand dorsal en est la grand-voile.

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Adducteur, rotateur interne et extenseur du bras, le grand dorsal est le plus volumineux et le plus puissant des muscles du membre supérieur. Et si son innervation par le nerf thoraco-dorsal est, comme pour l’ensemble du membre supérieur, issue du plexus brachial (racines C6, C7 et C8) ; sa puissance lui vient de sa (très) large insertion proximale.

En effet, via son insertion distale entre trochiter et trochin au fond de la gouttière bicipitale, le grand dorsal confère à l’humérus la puissance de l’ancrage massif de son aponévrose sur le bassin et la colonne vertébrale :

  • depuis la crête sacrale médiane et les bords latéraux du sacrum,
  • le tiers dorsal de la lèvre externe des crêtes iliaques,
  • ainsi que sur les vertèbres lombaires et thoraciques depuis L5 jusqu’à Th7 voire Th6.

Ce formidable ancrage est renforcé par la fusion de son aponévrose avec la lame profonde du fascia thoracolombaire.

Avec la singularité de son tendon terminal aplati et vrillé sur lui-même,et l’orientation de ses fibres,les fonctions du grand dorsal sont très claires : solidement arrimé au bassin, il tracte l’humérus vers l’adduction, la rotation interne et la rétropulsion. Le grand dorsal nous permet ainsi de nager ou de nous hisser avec les bras.

La disproportion remarquable entre les tailles respectives de ses insertions proximales et distales est à l’image de la différence entre la masse de la coque et de celle du gréement.

C’est la principale raison pour laquelle un déséquilibre du bassin engendre mécaniquement des répercussions sur le membre supérieur : du côté d’un l’iliaque en rétroversion, le grand dorsal va exercer une traction excessive sur le trochiter et alors entraîner globalement l'épaule en rotation interne, vers le dedans et vers le bas.

Le grand dorsal a aussi un rôle considérable dans l’orientation de l’omoplate. Son insertion au niveau de l’angle inférieur de la scapula lui donne notamment une fonction antagoniste au chef supérieur du trapèze. Avec ses insertions costales, il intervient également dans la respiration accessoire.

L’exemple du grand dorsal et de sa biomécanique suffit à lui seul pour mettre en évidence le rôle fondamental du bassin dans le fonctionnement de la ceinture scapulaire et des membres supérieurs. Bien évidemment, le fait que l’ensemble de la colonne vertébrale (et par extension tous les éléments qui s’y attachent) tienne en équilibre sur le promontoire sacré est tout aussi prépondérant en la matière.

Le trochiter

Le trochiter est au membre supérieur ce que le grand trochanter est au membre inférieur :  ces reliefs osseux concentrent les insertions des muscles les plus importants des articulations de l’épaule et de la hanche.

osteologie epaule
Source image : Site de l'Epaule

Ces carrefours anatomiques en font les relais de leurs membres respectifs. Ainsi, le trochiter ou tubercule majeur de l’humérus est au cœur de la coiffe des rotateurs de l’épaule :

  • Il reçoit directement les insertions des muscles supra-épineux en sa facette supérieure, infra-épineux et petit rond en sa facette postérieure.
  • Immédiatement en arrière de sa facette postérieure, s’insère également le chef latéral du triceps brachial.
  • Juste en dessous de sa facette inférieure, on trouve le V deltoïdien où viennent s’insérer les trois chefs du deltoïde sur l’humérus.
  • Enfin, il est en rapport direct antéro-interne avec la gouttière bicipitale (sillon inter-tuberculaire) où coulisse le tendon du chef long du biceps brachial entre les insertions du grand dorsal et des faisceaux supérieurs et inférieurs du grand pectoral, et l’insertion du grand rond.

Dès lors,cette position de pivot entre les muscles du bras et les puissants muscles s’insérant sur l’omoplate, la cage thoracique et le bassin, fait du trochiter le relais du membre supérieur

En cas de dysfonctionnement, ce relais agit à la manière d’un fusible : quel que soit le trouble du membre supérieur, la libération du trochiter sera nécessaire pour un retour au fonctionnement physiologique du complexe de l’épaule.

Évaluer l'ampleur du déséquilibre

impact desequilibre bassin
source image

En posturologie, on évalue l’organisation inconsciente et automatique des différents éléments du corps les uns par rapport aux autres. Pour en faciliter la lecture, il s’agit de procéder avec méthodologie.

L’alignement des iliaques

traitement iliaques
source image

Comme démontré ci-dessus, la première évaluation à réaliser en cas de dysfonctionnement des membres supérieurs est celle de l’alignement des iliaques. En effet, cet alignement étant la condition sine qua non à l'horizontalité du sacrum, nous nous inscrivons ici dans la même logique que celle des experts en  bâtiment.

 

Concrètement, il est inutile de chercher à réparer la toiture d’une maison à moins de s’assurer au préalable que ses fondations ne soient saines. Si ce n’est pas le cas, aussi qualitatives que puissent être ces réparations, elles seront vaines car les symptômes réapparaîtront systématiquement tant que la source du déséquilibre ne sera pas corrigée.

Les tests appendiculaires

Après le réalignement des iliaques, on peut commencer à évaluer les compensations mises en place par le corps pour contrebalancer le déséquilibre fondamental avec des tests appendiculaires sur les éléments suivants :

  • la clavicule : (sujet assis, praticien en arrière) en prise à quatre doigts, une pince pouce-index pour son extrémité acromiale et une autre pour son extrémité sternale ;
  • les angles supérieurs des omoplates : (sujet assis, praticien en arrière) avec la pulpe des majeurs, évaluer la différence de hauteur entre les angles droit et gauche ;
  • entre processus coracoïde et glène humérale : (sujet assis, praticien en avant)  en tenant avec la pulpe des doigts de la main interne le processus coracoïde d’une part, et avec la main externe  la glène humérale homolatérale en pince avec le pouce en avant et les autres doigts en arrière d’autre part ;
  • l’omoplate dans sa globalité : (sujet assis, praticien côté homolatéral) en tenant le processus coracoïde avec la pulpe des doigts de la main située en avant, et l’épine et les angles supérieurs et inférieurs de la scapula avec l’autre main ;
  • l’humérus : (sujet assis, praticien en avant) une pince pouce-index sur le trochiter, et une pince entre la colonne du pouce et les doigts de l’autre main pour la palette humérale ;
  • les trois premières côtes : (sujet assis,  praticien côté homolatéral) une pince pouce-index sur l’articulation chondro-sternale et un appui sur la zone métamérique correspondante en arrière.

L’évaluation et, le cas échéant, la libération de ces éléments suspendus sont des clés indispensables au retour du fonctionnement physiologique du membre supérieur. Pour parfaire leur libération, tous les éléments musculaires et aponévrotiques auxquels ils sont attachés devront également être évalués et libérés au besoin.

Pour compléter le soin, les praticiens en Ostéothérapie Méthode Bounine™ utilisent des techniques similaires appliquées tout au long du membre supérieur, en fonction de la nature des troubles rencontrés. Nous vous proposons ci-dessous un résumé des troubles les plus souvent observés dans la zone en cas de déséquilibre du bassin.

Les troubles fréquents du membre supérieur

Les troubles et pathologies cités ci-dessous sont favorisés, aggravés, voire directement imputables à un désalignement initial des iliaques. L’efficacité du traitement de ces troubles ne saurait être pérenne sans le rééquilibrage préalable du bassin.

La névralgie cervico-brachiale

douleur cervicale bras
source image

La névralgie cervico-brachiale (NCB) est caractérisée par des douleurs lancinantes dont l’intensité varie, sur le trajet des nerfs issus du plexus brachial, en particulier des racines C6, C7 et C8. Ces douleurs à la base du cou et dans le bras sont provoquées par l’irritation des nerfs, par altération de la congruence avec les différents éléments anatomiques avec lesquels ils entrent en rapport.

Ce défaut de congruence est souvent matérialisé dans la littérature par l’arthrose ou la hernie discale cervicale. Or en pratique, non seulement des syndromes de NCB sont ressentis chez des sujets n’ayant ni arthrose, ni hernie discale cervicale ; mais les sujets chez qui on a diagnostiqué ces altérations ne souffrent pas systématiquement de NCB.

En revanche, la libération des conflits musculo-aponévrotiques ainsi que de leur engrammage intra-osseux en rapport avec le plexus brachial et ses ramifications est particulièrement efficace. Cette réalité clinique établit un lien de cause à effet autrement plus probant, à condition de savoir diagnostiquer les conflits engendrés par la désorganisation posturale du  membre supérieur, tout au long du trajet des nerfs en souffrance.

Les troubles de l’épaule

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La capsulite rétractile gléno-humérale est une autre manifestation courante de ces conflits musculo-aponévrotiques imputable à la désorganisation posturale du membre supérieur. En l'occurrence, elle est le résultat à long terme de la tension excessive des rotateurs internes de l’épaule : le muscle grand dorsal surtout, avec le concours des muscles grand pectoral, grand rond et sub-scapulaire.

Le traitement des capsulites rétractiles gléno-humérales consiste à réduire la compression exercée sur la glène, en redonnant à l’épaule son équilibre physiologique entre rotation interne et externe.

Autres douleurs courantes de l’épaule, les tendinites des rotateurs externes de l’épaule sont,à l'inverse, le résultat d’une tension excessive des rotateurs externes : les muscles petit rond, infra-épineux et dans une moindre mesure le faisceau postérieur du deltoïde

Là encore, le traitement des tendinites des rotateurs externes consiste en la libération des contractions ostéo-aponévrotiques accumulées en regard du trochiter.

Les troubles du coude

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Les troubles musculo-squelettiques de l’articulation du coude sont généralement le fruit de la compensation d’un dysfonctionnement de l’épaule. Parmi ces troubles, les épicondylites en sont les manifestations les plus fréquentes, souvent corrélées à des douleurs diffuses de l’olécrâne et à une élévation de la tête radiale.

Les épicondylites sont généralement latérales (tennis elbow) et plus rarement médiales (golf elbow ou épitrochléites). Les études récentes battent en brèche les vieilles croyances quant à la sur-utilisation des muscles épicondyliens, extenseurs du poignet pour les tennis elbow et muscles épitrochléens pour  les golf elbow.

Leur dénomination devient même controversée du fait du manque de mise en évidence d’une quelconque inflammation, ce qui nous amène de plus en plus à utiliser le terme "épicondylalgie". Les douleurs qui leur sont associées sont quant à elles bien réelles et plutôt fréquentes avec une prévalence de 4% à 5% dans la population générale.

Les tensions musculaires des extenseurs ou des fléchisseurs du carpe au niveau des épicondyles sont en réalité le résultat d’une altération du fonctionnement biomécanique global du membre supérieur. Et encore une fois, peu importe la qualité des soins tant que la source du déséquilibre postural n’a pas été traitée.

Les troubles du poignet et de la main

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Les troubles du poignet et de la main sont essentiellement des syndromes canalaires, c'est-à-dire le résultat d’un conflit entre une gaine aponévrotique et son contenu tendineux ou nerveux selon les cas.

Le syndrome du canal carpien correspond à une compression du nerf médian dans son défilé ostéofibreux entre les éminences thénar et hypothénar. Un traitement efficace de ce syndrome consiste à retrouver une tension physiologique pour les fléchisseurs extrinsèques de la main et une souplesse biomécanique physiologique entre la deuxième rangée du carpe et le rétinaculum des fléchisseurs.

La ténosynovite de de Quervain correspond elle aussi à une sténose aponévrotique, située cette fois en regard de la styloïde radiale, dans les défilés ostéofibreux des tendons des muscles long abducteur et court extenseur du pouce formant la tabatière anatomique.

On retrouve de façon quasi-systématique associés à une ténosynovite de de Quervain l’arthrose du I, une hypomobilité des os pisiforme et semi-lunaire, une élévation de la tête radiale ainsi que la sensibilité caractéristique au niveau de l’insertion distale des rotateurs internes de l’épaule. Cet enchaînement dysfonctionnel met en évidence le rôle prépondérant du déséquilibre postural global du membre supérieur dans ce type d’affection.

La maladie de Dupuytren est un autre syndrome canalaire, qui correspond à la fibrose rétractile progressive de l’aponévrose palmaire, par la formation de nodules  de collagène de type III qui adhèrent aux tendons des muscles fléchisseurs des doigts. Ces adhérences entraînent alors une flexion involontaire et réputée irréductible des doigts.

Pourtant, les techniques de massage ostéo-tendino-aponévrotique proposés par l’Ostéothérapie Méthode BounineTM ont démontré leur efficacité dans l’amélioration de l’extension des doigts et la récupération de la souplesse palmaire.

Le rôle central de l’équilibre du bassin

Une structure est dans un état de tenségrité lorsque la répartition des forces de tensions et de compressions qui s’y appliquent est stable, harmonieuse et équilibrée.

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Le fonctionnement biomécanique du système appendiculaire du membre supérieur est physiologique dans la mesure où ce système reste tensègre. Dès lors que l’équilibre des tensions est rompu, l’organisation posturale change. Elle commence par s’adapter, puis petit à petit par compenser le défaut d’équilibre, tant bien que mal.

A long terme, ces phénomènes compensatoires sont les moteurs des dysfonctions ou des pathologies sus-cités. Et comme une balance à plateaux, l’état de tenségrité de ce système en suspension n’est possible que si le support sur lequel il repose, le plateau sacré, est horizontal.

Diverses approches thérapeutiques donnent des résultats intéressants à court terme, mais ne tiennent généralement pas longtemps. En cause : le déséquilibre postural global n’est ni traité, ni même pris en considération selon les cas. Or il n’y a pas d’équilibre postural possible sans l’alignement des iliaques.

Avec un bassin en équilibre en revanche, toutes les approches thérapeutiques pertinentes sont susceptibles de tenir dans le temps.